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Un petit extrait....

Publié le par Angel

Un petit extrait....

On se serait cru soudain dans un bouquin de Chandler. Vous savez ces policiers des années quarante ou cinquante. Replongez-vous dans l'ambiance, et écoutez cette musique qui vous vient aux oreilles, si typique des films noirs de ces années-là.

Le bureau un peu glauque et poussiéreux d'un détective. Son nom sur la porte vitrée qui apparaît à l'envers, un perroquet dans l'angle avec sa veste et son chapeau mou posé dessus, et lui, assis sur sa chaise, seul, les manches de sa chemise retroussées, sa cravate défaite, son col dégrafé et les pieds posés sur le bureau, légèrement en arrière. Une bouteille de bourbon posée devant lui et son verre rempli à la main. Il est là, et il attend, un peu désabusé, sans trop savoir quoi, quand soudain, on voit se profiler derrière sa porte la silhouette d'une femme qui frappe et entre, sirène superbe, mi-ange, mi-démon, et qui prononce ces mots magiques.

- Je vous en prie, aidez-moi ! Vous êtes mon dernier espoir !...

Quand l'homme est apparu derrière ma porte, ce matin-là, c'était un peu pareil. J'ai ouvert, et il m'a regardée.

- C'est bien ici l'agence Angel Face ? M'a-t-il alors demandé.
- Mais oui, je vous en prie entrez. Ai-je dit en souriant.
- J'ai besoin qu'on m'aide et c'est une question de vie ou de mort. A-t-il dit alors, magique...

Bon, je crois que je vais rembobiner un peu le film-là. Je vais sans doute un peu vite pour vous. Tout d'abord, je me présente. Mon nom est Angel. Angel, Géraldine Dupont. Je sais, rien de plus courant. Mais c'est comme ça.

Et moi, je suis détective privé. Un vieux rêve de gosse.

Une enfance bercée entre un père flic, qui passait son temps à courir après les méchants et à les mettre en taule, et des romans policiers, que j'ai toujours dévorés, depuis le Club des Cinq, ou le Clan des Sept, en passant par Langelot, puis plus tard, Chandler et tous les autres, et surtout, surtout, le beau, l'irrésistible SAN A. Flic, espion, détective, toujours flanqué de son éternel Béru adoré. Toujours prêt à toutes les missions les plus folles et les plus risquées, entouré de jolies filles, que sa belle gueule attire. L'homme préféré du « Vieux » qui l'envoie toujours partout, quand il sait que lui seul sera capable de résoudre l'enquête. Et moi, je m'imaginais avec lui, parcourant les rues, et même le monde entier, à la recherche du coupable, partenaire indispensable pour résoudre l'affaire...

Et voilà. Après mes études, j'ai ouvert mon agence. Mais ce matin là, c'était tout sauf réjouissant. Et il fallait que je me rende à l'évidence. Les clients ne se bousculaient pas au portillon, et mes finances étaient au plus bas. La dure réalité de la vie commençait à me contraindre à envisager de faire autre chose, car je devais payer mes factures.

Aussi, ce matin là, après m'être habillée, je m'étais installée dans mon divan, un verre de soda dans une main et le journal du jour dans l'autre, pour parcourir les petites annonces, après avoir mis un CD de jazz, histoire de meubler un peu le silence.

J'étais devenu un privé, oui, mais un privé de tout... et surtout de fric. Aussi, mélancolique, je parcourais les offres d'emploi, désespérée à l'idée de devoir faire un boulot tout autre que celui que j'adorais, et pour lequel j'étais faite. Et j'espérais que « LE » client, débarquerait enfin, me sauvant de l'horrible avenir de devoir tout stopper, en soupirant, celui qui me permettrait de tenir encore un peu avant de renoncer vraiment.

Vers dix heures, on sonna à ma porte et je me levai, stoppant la musique, pour aller répondre, tout en souhaitant que ce ne soit pas un huissier. Je pris mon courage à deux mains, et j'ouvris après une grande respiration. Un homme se tenait devant moi. Assez grand, d'un age moyen, mais moins de quarante ans, des yeux magnifiques d'un gris bleu d'acier, une chevelure noire et épaisse, pas très musclé, mais bien proportionné. Il avait tout pour me plaire. Il tenait à la main une mallette qu'il serrait contre lui comme un trésor précieux. Il posa les yeux sur moi et je ressentis un curieux frisson d'excitation. Je souris.

- Je suis bien à l'agence Angel Face ? Me demanda-t-il un peu anxieux.
- Mais oui, je vous en prie, entrez. Dis-je.
- J'ai besoin d'aide. Et c'est une question de vie ou de mort. Me dit-il, nerveux cette fois. Je pourrai voir le détective ? Il est là ?
- JE suis le détective. Dis-je alors un peu nerveuse à mon tour.

J'escomptais que celui-là ne se sauverait pas quand je lui aurai annoncé la chose. Car ça m'était déjà arrivé. Les gens me regardaient de haut en bas, me détaillant comme si soudain, j'avais la peste. Et ils se sauvaient, en bredouillant n'importe quoi, pour aller sans doute voir un de mes confrères qui conviendrait mieux à l'image qu'ils se faisaient d'un détective. Mais lui, il était LE client ! Celui qui me sauverait d'un avenir pire que la mort.

J'étais jeune, pas très grande, je faisais tout juste mon mètre soixante-cinq, brune avec de longs cheveux, et des yeux gris pâle. Les mecs me trouvaient en général canon, ce qui voulait dire que j'étais mince, mais sans trop. Pas vraiment sportive pourtant, je ne me privais de rien quand je mangeais et je n'étais pas de ces filles obnubilées par les régimes et leur silhouette. Bien entendu, avec mon boulot, je marchais beaucoup, mais en dehors de ça, un peu de natation que j'adorais, et c'était tout. Pas une fan non plus de la gym à outrance, loin de là.

Et là, il me regardait, comme hésitant, mais il se décida pourtant à entrer. Et je le fis asseoir. Il ne quittait absolument pas sa mallette la gardant contre lui, comme une sorte de protection ou comme si elle recelait un trésor inestimable.

- Asseyez-vous et mettez-vous à l'aise, je vous en prie. Vous voulez boire quelque chose ? Un café peut être ?
- Non, merci. Vraiment.

Il s'assit sur une chaise, tandis que je m'installai à mon bureau, bloc et crayon à la main, très sérieuse et professionnelle.

- Bien, si vous me disiez pourquoi vous avez besoin de mes services. Monsieur.... ?

Il me regarda et m'expliqua, sans répondre à ma question informulée.

- Voilà, je vais vous confier cette mallette. Il est d'une importance capitale que vous l'ameniez avant cinq heures ce soir, à la gare, où vous la déposerez dans une consigne. Vous rapporterez ensuite la clef de la consigne à cette adresse et vous la remettrez alors à la personne qui sera là. Voici une avance de cinq mille euros pour vos frais, et vous en recevrez cinq mille autres en complément. Mais il vous faudra être présente à l'adresse que je vous remets avant cinq heures. C'est impératif !

Il n'avait même pas cherché à négocier et je n'avais même pas eu le temps de lui dire quoi que ce soit. Il était déjà debout, après avoir déposé sur mon bureau la mallette, une enveloppe qui devait contenir l'argent qu'il me destinait, et un morceau de papier où l'adresse où je devais apporter la clef était griffonnée. Je le regardai assez surprise.

Il était déjà debout et prêt à repartir.

- Mais attendez... Donnez-moi au moins une explication quand même.
- Demain, vous aurez toutes les explications demain. Mais surtout faites attention. Je sais que j'ai été suivi. Prenez votre arme avec vous si vous en avez une. Et n'oubliez pas, soyez à cette adresse avant cinq heures ce soir.
- Je ne connais même pas votre nom....

Et avant même que j'ai pu esquisser le moindre geste, il était reparti comme il était venu, et je restai là, seule, à regarder cette mallette, me demandant quels secrets elle pouvait bien contenir.

Mon bel inconnu s'était fait la malle. Mais il m'avait dit que je comprendrai demain. Ça signifiait peut-être que je le reverrais finalement...

... Ou alors que je verrais sa tête ou la mienne en première page des journaux du lendemain ! Parce que sa mallette pouvait contenir n'importe quoi de dangereux pour ce que j'en savais. Je la contemplai un peu pensive.

Après tout, je n'avais pas, à proprement parler, accepté la mission, puisqu'il ne m'avait même pas laissé le choix de la réponse. Je regardai donc, de près cette fois, ce qu'il m'avait laissé.

Je commençai par le papier sur lequel était marquée l'adresse.

« 18 Rue du Paradis. Apporter la clef avant dix-sept heures ».

Jusque-là, tout allait bien.

Puis je m'intéressai à l'enveloppe. Une jolie petite liasse de billets de banque, que je recomptai, par simple acquis de conscience, bien entendu. Cinq mille euros ! Le compte y était. Une véritable petite fortune pour moi ! Et de quoi tenir encore quelque temps, surtout s'il y en avait encore autant à la clef. Je regardai le journal, posé sur ma table basse d'un air de défi. J'allais pouvoir les envoyer au diable encore quelque temps toutes ces annonces ! Angel ne sera pas votre nouvelle femme de ménage finalement !... du moins pas avant encore quelque temps.

Je finis par la mallette, et la regardai extérieurement avec curiosité. Elle n'avait rien de spécial en apparence. Une mallette comme on en voit des tas. Rigide, avec un code pour la fermer. Je cherchai à l'ouvrir, après tout, il ne m'avait pas défendu la curiosité, mais elle était verrouillée. Et moi, je voulais en vérifier malgré tout le contenu, histoire de m'assurer que je ne ferais pas la première page du lendemain pour avoir posé une bombe.

Je priai mon ange de m'aider à l'ouvrir, et, par miracle, après quelques tentatives infructueuses, j'y parvins. Et là, je regardai l'intérieur de la mallette sans rien comprendre. Pas de bombe, pas d'arme, pas de documents marqués « Ultra-secret », « Confidentiel », ou même « For Your Eyes Only » comme dirait James Bond. Rien. Mais quand je dis « rien », ça signifie absolument rien ! La mallette était totalement vide ! J'avais beau passer ma main dedans, tentant de sentir une aspérité ou quoi que ce soit d'autre, c'était toujours vide !

Ma curiosité était franchement éveillée là.

Un inconnu se pointait chez moi, me demandait de porter une mallette vide à la consigne de la gare, était prêt à me filer dix mille euros pour ça, en me disant que c'est une question de vie ou de mort, que je pourrais bien être en danger et qu'il me faut prendre mon arme et faire attention parce qu'il a été suivi...

Où était la caméra cachée ? Qui, parmi mes connaissances, voulait me faire une mauvaise blague ? Je décidai alors de vérifier les billets. Oui ! Les billets étaient certainement des faux, parti comme c'était parti, je ne voyais que ça, c'était une blague, il devait y avoir une caméra cachée dans la mallette et on était en train de se foutre de moi !

Seulement voilà, pas de caméra et des vrais billets, du moins à ce que je pouvais en juger.

Bon, OK, dans un sens, je préférais que les billets soient vrais, mais quand même...

Je pris cinq minutes pour consulter mon ange et lui demander quoi faire. Mais il ne prit pas de gants avec moi. La mission était facile, et j'avais tout le temps du monde pour l'exécuter. J'avais déjà la moitié de la somme promise, et j'en avais besoin. Alors, après tout pourquoi hésiter ? La mallette n'était pas dangereuse, elle ne contenait que de l'air !

Ses arguments étaient bons. Il avait réussi à me convaincre. Je pris un peu d'argent, planquant le reste dans mon coffre-fort personnel, et je décidai de me changer un peu. Je partais du principe que le meilleur moyen pour passer inaperçue, c'était de paraître tout à fait ordinaire. Je regardai l'heure et décidai qu'il était grand temps d'aller faire quelques courses.

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